se connecter

DISPARA ! (1993)

(1) critique (2) commentaires
Manu le 11/07/2010 à 10:16
4
Réalisé par Carlos Saura
Avec Francesca Neri, Antonio Banderas, Eulalia Ramon.
Film espagnol, italien
Genre : Thriller, drame
Durée : 1h 45min.
Année de production : 1993
Titre français : Les Voyous

Sortie Cinéma France : n.c.
Sortie DVD France : n.c.

Les notes

4.0



 Critique DISPARA ! (1993)
Avis rédigé par Manu   |  le .   |  Note : 4.0
Carlos Saura s’était déjà frotté au cinéma de genre au tout début des années 80 avec son Vivre Vite, récit de la dérive criminelle d’une bande de petits délinquants de la banlieue madrilène. Certes l’oeuvre se voulait avant tout une réflexion quasi-politique, un constat social, mais elle n’en possédait pas moins la nervosité et l’intensité des meilleures séries noires. Adaptant ici le roman de George Scerbanenco, Spara che ti passa (« Tire pendant qu’il est temps »), auteur déjà porté à l’écran par le français Yves Boisset (Cran d’arrêt) et les italiens Fernando Di Leo (I Ragazzi del massacro, Milano Calibro 9), Duccio Tessari (La Morte risale a ieri sera) et Romolo Guerrieri (Liberi armati pericolosi), Saura adopte en quelque sorte la démarche inverse ici : il s’attaque à une pure intrigue policière – bénéficiant, il est vrai, de ce soucis de réalisme social caractéristique des histoires de Scerbanenco (du moins, de celles que je connais) – et lui injecte son regard aiguisé de cinéaste observateur des mutations de l’Espagne de ces 30-40 dernières années.

Le plan d’ouverture, survol de Madrid et de ses grandes artères périphériques sur concert de klaxons, sirènes et autres joyeusetés sonores des grandes cités, annonce la couleur grise et oppressante de la tragédie urbaine que va nous conter Saura. A la découverte de celui-ci, difficile en outre de ne pas repenser au générique de fin de Cria Cuervos, autre plan d’ensemble très évocateur de la capital espagnole. 2 séquences prises à 15 ans d’intervalle, qui en disent beaucoup sur l’évolution de ce pays. Fini les demeures décrépies, les vielles pierres et les avenues en travaux de Cria Cuervos, c’est une Espagne moderne, à l’Américaine en quelque sorte (cf. la salle de rédaction du journal dans lequel travaille Banderas, qui donne vraiment cette impression) que nous montre Saura, celle du boom économique / immobilier consécutif à l’entrée du pays dans l’Union européenne à la fin des années 80.

Mais la réussite de Dispara ! ne se résume pas qu’à un décor et une ambiance remarquablement bien plantés, c’est également un mélange risqué mais parfaitement dosé de drame amoureux et d’action-suspense, côtoyant même, dans sa partie centrale, les eaux troubles du « rape and revenge ». Avec à ce titre une séquence de viol / agression qui secoue bien son spectateur, opérant une transition coup de poing entre le romantisme fragile de la première partie, mettant en scène une histoire d’amour que l’on devine rapidement sans issue, et la noirceur glaçante de la dernière heure du film, récit d’une cavale désespérée, d’une fuite en avant sans issue, qui rappelle d’ailleurs sensiblement, dans sa progression dramatique implacable, la fin de Vivre vite.

S’il me fallait porter quelques réserves à l’ensemble, je situerai celles-ci au niveau du discours accusateur de Saura envers les médias - télé et presse écrite - grands pourvoyeurs d’image spectaculaires et racoleuses à moindre coût. Du moins est-ce ce que j’ai compris ici, parce que son message m’a justement paru un brin confus, pour ne pas dire superficiel.

Reste néanmoins une ½uvre forte, à ranger dans l’oeuvre de Saura aux côtés du déjà cité Vivre vite mais également de son plus récent 7eme jour.


Rechercher avec google



Recherche par nom

Titre :
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Artiste :
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Dernières critiques ciné





Dernières critiques livres





Derniers commentaires














Liens   |   Flux RSS   |   Page exécutée en 0.14999 secondes   |   contactez-nous   |   Nanar production © 2009