LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH (1970)

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Manu le 11/06/2011 à 09:40

3.6

Réalisé par Sergio Martino
Avec George Hilton, Edwige Fenech, Cristina Airoldi, Alberto De Mendoza, Manuel Gil.
Film italien, espagnol
Genre : Thriller
Durée : 1h 37min.
Année de production : 1970
Titre français : L'Etrange vice de Mme Wardh
Musique : Nora Orlandi

Sortie Cinéma France : n.c.
Sortie DVD France : 05/01/2010

Les notes

3.6

Critique LO STRANO VIZIO DELLA SIGNORA WARDH (1970)

Avis rédigé par Manu | le 11/06/2011. | Note : 3.6

Lo Strano vizio della signora Wardh est le second long-métrage de fiction de Sergio Martino, qui avait débuté sa carrière de réalisateur en 1969, signant 3 mondo movies (documentaires à sensation) avant de s’essayer, avec un relatif succès, au western spaghetti, via le sympathique Arizona si scateno… e li fece fuori tutti.

Cette première réunion à l’écran entre George Hilton et Edwige Fenech, 2 grandes stars du cinéma bis transalpin de ces années-là, est en quelque sorte une œuvre de transition dans l’Histoire du giallo. Le film se situe au croisement du renouveau de genre, entamé par Dario Argento et son Oiseau au plumage de cristal – renouveau passant, pour faire court, par davantage de sang et de sexe à l’écran – et les sexy-gialli d’Umberto Lenzi de la fin des années 60 – tirant quant à eux généralement leur inspiration des grands suspenses hitchcockiens des décennies précédentes et du classique d’Henri-George Clouzot, Les Diaboliques.

Au portrait critique des mœurs décadentes de la grande bourgeoisie, façon Lenzi, s’adjoint ainsi une histoire de serial-killer au rasoir servant très astucieusement d’alibi non seulement à certains protagonistes de l’intrigue, mais aussi aux auteurs-même du film, qui tentaient par là de rameuter le public du film d’Argento, venu en masse voir son Oiseau de cristal l’année précédente.

Et qu’importe si cette association d’idées (de contraintes ?) débouche sur une histoire particulièrement tordue et hautement improbable. Car la vraisemblance de l’intrigue est clairement une question secondaire dans le cas présent. Lo Strano vizio della Signora Wardh, c’est bien évidemment une production opportuniste, mais aussi et avant tout - comme tous les grands gialli - un exercice de style. Et un pur plaisir de cinéphile lorsque celui-ci est aussi réussi qu’ici.

Martino ne trahit donc pas nos attentes et nous offre une mise en scène de tout premier choix, truffée de séquences formellement brillantes et stimulantes, dans lesquelles montage, cadrage et bande-son n’ont jamais peur d’oser, de tenter d’innover, parfois à partir de matériel existant d’ailleurs. Tourneur et son Leopard Man nous viennent par exemple immanquablement à l’esprit dans la très belle scène du meurtre de Carol dans le parc viennois, de même que Clouzot et ses Diaboliques, dans la séquence très baroque du suicide maquillé d’Ivan Rassimov.

Du cinéma sans nul doute gratuit et sans grand portée, philosophique, sociale ou autre (en dépit d’un citation de Freud ouvrant le récit), mais dont on ne peut nier l’aura particulière, les ambitions formelles et l’extrême élégance. Et dire que Martino fera encore mieux dans le genre, par la suite !

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