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John Flynn

(3.36)


1932–2007 (75 ans)

Si l’on ne peut parler d’auteur à son sujet, John Flynn possède incontestablement une patte, un vrai regard, souvent froid mais sans parti-pris et généralement attentif aux petits détails qui font toute la force d’une bonne série B. Car John Flynn, dans ses meilleurs travaux, peut être considéré comme l’un des rares héritiers de la grand série B d’antan, celle des Don Siegel et Gordon Douglas.

Ce style tranchant s’observe dés son premier film, produit par Robert Wise : The Sergeant. Cette histoire d’homosexualité au sein d’une caserne américaine basée en France surprend autant par son absence de schématisme et sa mise en scène « sans commentaire », qui crée d’emblée une sensation diffuse de malaise, que par sa vision anti-hollywoodienne de la France profonde, filmée ici dans toute sa grisaille hivernale. A cet égard, les scènes de permissions, notamment celles situés au café, possèdent une véritable atmosphère, traduisant admirablement bien le choc des cultures et l’intégration progressive et éphémère qui s’opère entre les soldats yankee et la population locale.

Inégal dans son développement mais, dans certaines séquences (comme celle d’ouverture) d’une indéniable puissance dramatique, The Sergeant constitue finalement (avec, peut-être, Touched) le seul film « à thèse » de John Flynn, qui va ensuite se spécialiser dans le thriller en appliquant à chaque fois sa patte d’observateur impartial sur un matériau très codé comme l’intrigue d’espionnage (The Jerusalem File), le film de prison (Lock Up), le suspense d’épouvante (Brainscan) ou bien encore le thriller à résonances sociales (Rolling Thunder, Defiance).

L’une des premières véritables réussites de cet artisan du cinéma de genre est incontestablement The Outfit. Il faut dire que cette histoire de repris de justice cherchant à régler ses comptes avec la mafia - adaptation, par John Flynn lui-même, d’une nouvelle de Donald E. Westlake – ne pouvait pas mieux s’accorder qu’avec le style froid, déshumanisé, brut de décoffrage du réalisateur de The Sergeant. L’ensemble soutenu par une distribution de rêve, réunissant Robert Duvall, Joe Don Baker le grand Robert Ryan, une photographie poussiéreuse de Bruce Surtees et une partition musicale viscérale de Jerry Fielding, est un réjouissant thriller, nerveux, ironique et méchant, dénué de tout de commentaire moral. Une réussite que l’on ne peut qu’associer à celle de Best Seller, écrit par un Larry Cohen en grande forme. On retrouve dans cette histoire plutôt futée d’un ex-flic (Brian Dennehy) décidant de « s’associer » à un tueur toujours en activité (James Woods) dans le but d’écrire les mémoires de ce dernier la même ironie glaciale comme l’absence de jugement éthique porté sur ses personnages, lesquels nous renvoient ici presque, à travers l’ambiguïté de leurs relations, aux deux protagonistes de The Sergeant .

Entre ces deux brillantes réussites, il convient d’en citer une troisième, plus inattendue : Defiance. Cette fois-ci, John Flynn s’attaque au genre très racoleur (mais souvent efficace) du film d’auto-défense. Mais, loin de marcher sur les sulfureuses traces d’un Michael Winner et son Death Wish, Defiance adopte le style rétro des mélodrames hollywoodiens des années 30, s’attachant davantage à la description de la vie du quartier en proie à un racket et une violence quotidienne, ainsi qu’au développement de l’intrigue amoureuse entre les deux personnages principaux (Jan-Michael Vincent, qui n’a probablement jamais joué aussi juste qu’ici, et Theresa Saldana), plutôt qu’à la seule description des exploits musclés d’un héros revanchard. Solide série B urbaine, Defiance possède en outre, dans le portrait qu’il nous brosse de ses personnages principaux comme secondaires, une chaleur étonnante de la part de son réalisateur.

Un humanisme qui tanche complètement avec le précédent film de John Flynn, Rolling Thunder, le plus sombre et le plus opaque de toute sa filmographie. Traitant du difficile retour à la vie civile des vétérans du Vietnam - là–encore un sujet très à la mode à la fin des années 70 - Rolling Thunder, démontre malheureusement les limites du style distant et sans commentaire de son réalisateur. Associé à Paul Schrader, scénariste pas vraiment porté sur l’explicatif dans ses travaux, John Flynn se retrouve en effet avec script certes sans compromis dans son refus de la facilité ni lourdeur dans sa démarche, mais totalement dénué d’explications quant au sens général de l’intrigue comme dans sa description du comportement de son personnage principal, un ancien officier froid et renfermé dans son traumatisme (il a été fait prisonnier et torturé pendant la guerre) dont le parcours ici ne va pas sans rappeler celui de Travis Bickles dans Taxi Driver. Et comme, fidèle à lui-même, le réalisateur de The Outfit emballe le tout efficacement, sans se poser de question, il en résulte un film bancal, étrange, d’une étouffante sécheresse émotionnelle et qui laisse le spectateur perplexe au final, d’autant qu’il se clôt de façon totalement nihiliste, sur une sanglante fusillade dans un bouge (Paradoxalement sans doute la plus belle pièce d’action filmée par John Flynn à ce jour) rappelant tout autant Taxi Driver que Bring Me the Head of Alfredo Garcia.

Une œuvre pas vraiment convaincante donc, mais qui, en tous les cas, demeure nettement plus intéressante que sa réalisation suivante – véritable incongruité au sein de son œuvre – Marilyn : The Untold Story. Co-réalisé par le vétéran Jack Arnold (cherchez le lien avec John Flynn !), ce téléfilm-fleuve marquant les débuts du cinéaste à la télévision nous retrace la vie de l’actrice Marilyn Monroe sur un ton qui, aux antipodes du style brutal et sans concession habituel du réalisateur, tient plus du soap-opéra larmoyant que de la biographie objective et incisive. Un véritable navet donc, dont on ne peut guère extraire de distrayant que sa distribution, folklorique à défaut d’être convaincante, réunissant les gueules savoureuses de John Ireland (dans la peau de John Huston), Sheree North (en foldingue, évidemment), Jason Miller, John Steadman et Viveca Lindford, autour d’une Catherine Hicks, plus tartignolle que touchante dans le rôle-titre.

Après une période d’inactivité de quatre ans au milieu des années 80, John Flynn va se remettre sérieusement au travail à partir de 1987. Cela démarre donc par le très réussi Best Seller. Puis il va signer Lock Up, thriller carcéral qui, s’il demeure avec First Blood l’un des films les plus corrects de Sylvester Stallone sur la période 80 – 90, manque néanmoins singulièrement d’originalité et de tranchant, la patte rugueuse du cinéaste étant ici bien trop souvent remplacée par des pelletés de bons sentiments et autres leçons de morale typiques des productions de la vedette des Rocky. Une série B passe-partout au final dont on ne retient que la présence de Donald Sutherland – malheureusement sous-exploité – dans le rôle du sadique directeur de prison.

Moins gnangnan mais plus médiocre encore, son Out forJustice met cette fois en scène ce grand légume de Steven Seagal dans son éternel rôle de flic justicier. Bien que signé du plutôt doué David Lee Henry, à qui l’on doit les scripts de Eight Millions ways to die et The Evil that men do, l’association la plus heureuse du tandem J.Lee Thompson – Charles Bronson, le scénario ne semble être qu’un prétexte à aligner les scènes de baston et de fusillades dont sort invariablement vainqueur la vedette de Nico. Quant à John Flynn, retrouvant là pourtant les quartiers italo-américains de Defiance, il se contente de la jouer strictement professionnel et filme certes l’ensemble avec énergie, mais sans aucun point de vue ni aucune implication face à son sujet (artistiquement désespérant il est vrai).

Tout aussi décevant est son film suivant, Nails, tourné pour le câble. L’intrigue, une histoire de corruption politique écrite par Larry Ferguson (Highlander), y est plus solide, marquée par quelques idées plutôt marrantes (Le héros braquant son arme sur le perroquet d’un suspect afin de le faire parler, le même personnage poursuivant à poil hors de chez lui son assaillant) et le casting beaucoup plus séduisant puisqu’on croise là Dennis Hopper, Anne Archer et Tomas Milian. Bizarrement pourtant, John Flynn ne semble guère s’être passionné pour ce sujet, n’essayant même pas d’insuffler, à défaut d’un regard perçant, la vitalité dont il se pare lorsqu’il fait face aux projets les moins stimulants. Une léthargie dont souffre également Scam, malgré tout le film le plus notable réalisé par John Flynn entre 1989 et 1994. Certes, on est loin ici de l’efficacité et la pertinence de The Outfit ou Best Seller. Mais ce polar aux accents romantiques bénéficie d’un scénario soigné aux personnages tous bien dessinés, du couple principal – Christopher Walken et Lorraine Bracco – aux seconds couteaux, interprétés par quelques valeurs sûres dans le domaine (Miguel Ferrer, Martin Donovan, Erick Avari, Daniel Von Bergen, Skipp Sudduth). L’ensemble ménage finalement plutôt bien ses rebondissements et même si John Flynn filme tout cela avec une paresse indigne de son talent, on en reste sur une impression plutôt agréable.

Enfin, clôturant en quelque sorte cette période d’activité plutôt soutenue, John Flynn va, avec Brainscan, s’attaquer pour la première fois au registre fantastique (plus proche cependant du thriller que du film d’épouvante). Le résultat, malheureusement, n’a rien de mémorable. La réalisation est certes soignée, plus efficace que celles de Nails et Scam, mais, comme à son habitude, le cinéaste demeure tributaire de la qualité de son scénario, ici une histoire poussive - écrite par le future scénariste de Seven - de jeux vidéo maléfique, prétexte à un discours un brin réactionnaire et, surtout, assez lourdingue par moment, sur la nocivité des images violentes chez l’adolescent.

Ce petit film pas brillant, mais pas déshonorant non plus, précède donc une nouvelle période de silence, de cinq ans cette fois, au terme de laquelle John Flynn réapparaît discrètement, en 1999, avec Absence of the Good , thriller tourné pour le câble et qui constitue sans nul doute son meilleur film depuis Best Seller. On retrouve en effet dans cette énième histoire de chasse au serial killer toute la force, toute l’acuité des meilleurs travaux de John Flynn. Aucune complaisance dans le regard, aucun sentimentalisme ici, le réalisateur de The Sergeant filme cette enquête à la façon d’un médecin légiste disséquant son patient et, malgré un final un peu vite expédié et la présence du palot Stephen Baldwin dans le rôle principal, l’ensemble, baignant dans la grisaille des villes industrielles du cœur de l’Amérique touchées par la crise, demeure une très bonne surprise de la part d’un cinéaste que l’on croyait presque perdu.

Depuis, John Flynn semble s’être remis à travailler puisqu’il vient de signer deux films que l’on attend de découvrir avec impatience.

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REALISATEUR / REALISATRICE



1. PROTECTION  (2001)
(2.8)
2. OUT FOR JUSTICE  (1991)
(3.5)
3. LOCK UP  (1989)
(2.8)
4. TOUCHED  (1983)
(3)
5. ROLLING THUNDER  (1977)
(4)
6. THE OUTFIT  (1973)
(3.7)
7. THE SERGEANT  (1968)
(3)

SCENARISTE



1. THE OUTFIT  (1973)
(3.7)



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