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William A. Graham

(2.51)


Né le 15 mai 1926 à New york City, New York, décédé le 12 septembre 2013 à Malibu, Californie (87 ans)

Il est aux côtés de Joseph Sargent, Paul Wendkos, Richard T. Heffron et Jerrold Freedman l’une des grandes figures de la télévision américaine. Sa carrière est impressionnante, s’étalant sur cinq décennies et affichant au compteur plus de 60 téléfilms, une petite dizaine de films et de nombreux épisodes de séries télé aussi célèbres que The Fugitive, Batman ou The X Files.

Une œuvre aussi spectaculairement abondante qu’inévitablement inégale. Car William A. Graham semble accepter tout et, parfois, un peu n’importe quoi. Il en résulte de véritables catastrophes comme Secrets of a Married Man, mélodrame anachronique sur les égarements d’un brave bourgeois, interprété un William Shatner plus constipé que torturé, fricotant avec une prostituée (Cybill Shepherd, pas beaucoup plus convaincante). Une œuvre atrocement lourde et ennuyeuse, lorsqu’elle ne verse pas totalement dans le ridicule, qui démontre les grosses limites de William A. Graham, totalement tributaire des sujets qu’on lui fournit.

Toutefois, si l’on ne peut évidemment pas parler d’auteur à son sujet, aucun thème récurrent ne se dégageant véritablement d’une œuvre qui couvre à peu prés tous les genres du cinéma américain, la comédie mise à part peut-être, il semble toutefois être devenu au fil des années l’un des grands spécialistes du petit écran dans la reconstitution de faits réels plus ou moins tragiques. Avec, là encore, à l’intérieur de ce filon dont raffole la télévision américaine, une très large palette de sujets abordés, puisqu’allant du fait divers sordide made in America mélant sexe, argent et rivalités amoureuses, à des tragédies historiques d’une toute autre ampleur comme l’assassinat des athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, relaté dans 21 Hours at Munich, probablement l’un de ses meilleurs travaux.

Aussi, afin de brosser un panorama à peu prés complet d’une telle carrière, sans véritable fil directeur donc, il convient peut être de s’attacher tout d’abord à son activité télévisuelle, en l’analysant à travers les trois grands genres les plus régulièrement abordés par William A. Graham : 1) le film à suspense et film policier 2) le western 3) le drame à caractère plus ou moins historique, avant de s’intéresser enfin à ses quelques réalisations cinématographiques.

Le film à suspense et le film policier : C’est à cette première catégorie qu’appartient The Doomsday Flight, son second long métrage signé pour la télévision. Tenant autant du suspense (ultra-bavard) que du drame aérien, il s’agit là d’une histoire d’avion en perdition particulièrement datée, dont le point de départ, l’inévitable bombe prête à exploser cachée à bord, éveille difficilement l’angoisse et déçoit de la part de son scénariste, le généralement plus inspiré Rod Serling (The Twilight Zone, Planet of the Apes). Reste le charme de l’époque, un casting réunissant quelques acteurs sympathiques comme Edmond O’Brien, John Saxon ou encore Michael Sarrazin, et une intéressante partition musicale signée Lalo Schifrin.

Beaucoup plus marquant est Bird of Prey – sans doute l’une de ses œuvres majeures même - signé sept ans plus tard. Situé, comme The Doomsday Flight, en grande partie dans les airs, son intrigue, se résumant à une longue course-poursuite en hélicoptère entre des bandits en cavale et un vétéran des airs de la seconde guerre mondiale, tient avant tout de l’exercice de style, exercice qui convient justement parfaitement à la mise en scène fonctionnelle, sans arrière-pensées, plus descriptive qu’analytique, de William A. Graham. L’ensemble, bénéficiant d’une solide interprétation de David Janssen et Ralph Meeker, et d’une très belle photographie du grand Jordan Cronenweth (Blade Runner, State of Grace), s’avère donc une œuvre télévisuelle d’une rare qualité dans la forme et d’une belle efficacité dans ses nombreuses séquences d’action. Conscient de cette réussite, William A. Graham en tournera d’ailleurs une sorte de remake au début des années 80: Deadly Incounter, mais malheureusement sans retrouver la grâce de l’original. Interprété par Larry Hagman et Susan Anpash, cette nouvelle mouture bénéficiait là encore de solides séquences aériennes, mais butait sur une intrigue plus bavarde, rendant flagrante la superficialité de l’ensemble.

Parallèlement à ce type de suspense plus porté sur le spectaculaire et l’action que sur l’étude de caractère et le réalisme social, William A. Graham va, au cours des années 70, inscrire une partie non négligeable de son œuvre dans la vague de polars pseudo-documentaires lancée par le succès retentissant de The French Connection, s’associant dès 1973 aux producteurs du film pré-cité, Kenneth Utt et Philip D’antoni, pour son Mr Inside/Mr Outside, interprété par Tony Lo Bianco (précédemment vu dans … The French Connection, justement). On retrouve dans cette sombre histoire d’indic tous les thèmes, tous les tics, de ce véritable sous-genre créé à l’intérieur du film policier américain : description minutieuse de la vie au quotidien du policier, accents portés sur les moments creux, les aspects les plus routiniers et les plus ingrats de son travail, importance donnée à l’environnement, ici un New-York au moins aussi gris et froid que celui de The French Connection, impeccablement filmé par Dick Kratina, l’un des grands spécialistes de ce type d’ambiance urbaine sale et glaciale, et absence de véritable happy end, le flic ne pouvant de toute façon que ralentir, voire au mieux stopper provisoirement les agissements de gangsters omniprésents sur la ville. Bref, William A. Graham n’innove pas beaucoup ici. Mais son travail est soigné, et possède un indéniable cachet.

Cachet que l’on retrouve dans le plus original et ambitieux Contract on Cherry Street, tiré d’une nouvelle de Philip Rosenberg. Si cette histoire de corruption policière, marquant les débuts à la télévision de Frank Sinatra, commence par nous resservir le thème post The French Connection rabattu de l’impuissance de la police face aux gros truands, l’ensemble prend progressivement des allures de tragédie urbaine, que William A. Graham, au top de sa forme, filme avec une belle efficacité. Le casting est en outre impeccable, incluant autour du célèbre crooner, dans son énième rôle de détective désabusé, une belle galerie de seconds couteaux made in seventies, de Martin Balsam à Harry Guardino en passant par Joe De Santis et même Henry Silva, dans l’un de ses rares emplois de flic 100% sympathique. Ajoutons à ce programme de prés de deux heures trente (un format inhabituel pour une œuvre télé puisqu’à cheval entre le téléfilm classique et la formule fiction en deux parties) une excellente photographie « d’époque » de Jack Priestley (Born to Win d’Ivan Passer, autre grand moment de cinéma bitume des années 70) et une remarquable partition musicale de Jerry Goldsmith, alors au sommet de son art, et l’on obtient l’un des meilleurs travaux du réalisateur de Birds of Prey.

Malheureusement, avec la disparition du film policier à résonances sociales au début des années 80 – période noire de la télévision américaine côté créativité – William A. Graham va se tourner vers des projets beaucoup plus anonymes. En témoigne le très routinier, pour ne pas dire mou du genoux, Calendar Girl Murders, dans lequel Sharon Stone, huit ans avant Basic Instinct, joue déjà, avec un certain talent d’ailleurs, les meurtrières de charme. Ecrit par Scott Swanton, ce suspense aussi compliqué qu’inintéressant tente le pari impossible de nous décrire l’univers de la presse de charme sans jamais le citer comme tel. Une tentative désespérée, qui, à force de tout édulcorer au mépris même du réalisme, fait rapidement sombrer l’ensemble dans un ridicule auquel n’échappe pas non plus son Terror in the Shadows, réalisé 11 ans plus tard. Là-encore, face à un scénario d’une extrême médiocrité – laborieuse réponse télé au déjà peu emballant The Hand that rocks the Cradle de Curtis Hanson – dont seul un réalisateur à forte personnalité pouvait à la rigueur tirer quelque chose de regardable, William A. Graham, armé de son seul savoir-faire, semble totalement démuni, et filme consciencieusement cet éprouvant ramassis de clichés et grosses ficelles censé nous faire sursauter en balançant à l’écran tous les quart d’heure un malheureux matou au beau milieu d’une pièce sombre.

Il semble d’ailleurs qu’il n’y ait plus grand chose à attendre de William A. Graham dans le domaine du film à suspense. Ses deux dernières tentatives dans le genre, Dying to Belong, histoire téléphonée d’un bizutage virant à l’homicide plus ou moins volontaire, et Acceptable Risk, thriller médical poussif tiré d’un roman de Robin Cook, si elles s’avèrent un peu plus dynamiques que Terror in the Shadows, souffrent en effet d’une réalisation particulièrement mollassonne et détachée de son sujet, annihilant d’emblée toute tension au sein d’intrigues qui, déjà peu originales, en aurait pourtant cruellement besoin.

Le western : C’est, du début des années 60, en travaillant sur des séries telles que The Big Valley ou The Virginian, et jusqu’à la fin des années 80, un genre que William A. Graham fréquentera régulièrement, et pour lequel il fera toujours preuve d’une ambition notable, à travers le soin particulier apporté à la forme et la variété de style employée, passant aussi bien du film semi-parodique (Waterhole #3) à la relecture des grands mythes de l’ouest (Billy The Kid), puis d’une œuvre pro-indienne à résonances sociales (Cry for me, Billy) à un western contemporain (Montana).

Témoignage de cette aisance particulière dans le domaine : son solide The Intruders, western vaguement historique utilisant comme toile de fond d’un récit classique mais touffu, et fort bien écrit par Dean Reisner (Play Misty for me, Dirty Harry) la cavale sanglante des frères James et Younger (William A. Graham retravaillera d’ailleurs cette histoire 15 ans plus tard sur The Last Days of Frank and Jesse James). On retrouve en outre au cœur de cette histoire de héros déchu en quête de rédemption (personnage récurrent du western, interprété ici par un Don Murray, qui effectue en effet un véritable chemin de croix avant de retrouver la foi et le courage de se battre) deux des thèmes majeurs de l’œuvre de William A. Graham, largement développés au cours des années 70 : l’intégration sociale et la dénonciation du racisme, ici envers la communauté indienne. Une œuvre ciselée à l’ancienne donc, soignée, sans temps mort, et qui plus est servie par une remarquable distribution mêlant vedettes et seconds rôles de l’age d’or d’Hollywood (Edmond O’Brien, Anne Francis, Gene Evans) à la jeune génération d’alors (John Saxon, en indien ! Harry Dean Stanton, Zalman King, James Gammon et même, dans une courte apparition, Harrison Ford).

Le western ne faisant plus guère recette à partir des années 70, William A. Graham va docilement s’en éloigner pendant une dizaine d’années. Jusqu’au milieu des années 80 où, démarrant par imposante biographie de George Washington, il va signer pas moins de cinq téléfilms affiliés à ce genre en cinq ans. On retrouve ainsi au sein de cette vague venue de l’ouest une nouvelle et énième évocation de la vie tumultueuse de Billy The Kid, interprété pour l’occasion par Val Kilmer. Une relecture qui, bien qu’écrite par une grosse pointure de la plume : Gore Vidal (déjà auteur du script de The Left-Handed Gun d’Arthur Penn sur le même sujet) ne présente qu’un intérêt secondaire. Certes, l’ensemble est plutôt soigné dans la forme, soutenu par une solide partition musicale de Laurence Rosenthal (devenu à partir de Perilous Voyage l’un des compositeurs attitrés du réalisateur aux côtés de Fred Karlin, Bruce Broughton et plus récemment Chris Boardman) et une distribution de qualité, notamment dans les seconds rôles (Julie Carmen, Rene Auberjonois, Wilford Brimley, Albert Salmi, Michael Parks). Mais ce nouveau récit des aventures du mythique hors-la-loi, montrant ce dernier sous un jour résolument sympathique, manque singulièrement d’épaisseur et de recul pour apporter quelque chose de nouveau à une histoire bien trop connue, et déjà traitée avec nettement plus de finesse par d’autres cinéastes, Sam Peckinpah et son Pat Garrett and Billy The Kid en tête.

Quant à sa dernière incursion dans le genre, Montana, il s’agit, là encore, d’une déception. Ecrit par Larry McMurtry (Texasville), ce western contemporain bénéficie pourtant d’un casting particulièrement solide pour une production télévisuelle, puisque rassemblant Gena Rowlands, Richard Crenna, Lea Thompson, Elizabeth Berridge et Michael Madsen. Malheureusement, empêtré dans une intrigue plutôt bavarde, et à l’emporte pièce quant à son étude de caractère sur les derniers cow-boys de l’Ouest américain, tout ce beau monde se contente de gentiment cabotiner sous la caméra appliquée mais indifférente de William A. Graham. Reste comme maigre consolation la seule bonne surprise de se voir épargner le traditionnel happy-end de rigueur.

La fiction « based on a true story » : C’est indiscutablement le domaine de prédilection de William A. Graham, l’exercice cinématographique qui convient le mieux à son style simple et appliqué, sans grande profondeur mais sans grosses lourdeurs non plus.

Si ses premières tentatives dans le genre remontent au début des années 70, avec notamment son Trapped Beneath the Sea, interprété par Paul Michael Glaser, Lee J. Cobb et Martin Balsam, c’est véritablement à partir 21 Hours at Munich qu’il va s’imposer comme un spécialiste de la reconstitution d’évènements réels et autres faits divers tragiques. Retraçant la prise d’otage des athlètes israéliens aux JO de Munich en 1972, ce téléfilm distribué en salles en Europe nous révèle en effet l’indéniable savoir-faire de son réalisateur qui, sur un thème pour le moins délicat (le conflit israélo-palestinien, indissociable de cette affaire), a l’intelligence et la sagesse d’éviter soigneusement tout discours politique polémique ou partisant en s’en tenant uniquement aux faits. Tourné sur les lieux même du drame, 21 Hours at Munich montre ainsi froidement, mais relativement honnêtement (la responsabilité des autorités allemandes dans le massacre lui-même y étant cependant clairement éludée), et à l’aide d’images d’archive efficacement intégrées à l’ensemble, comment une situation tendue mais « encadrée » à la base va peu à peu échapper totalement au contrôle des autorités en faction pour se conclure dans un effroyable bain de sang.

C’est donc assez naturellement, suite cette réussite, qu’il va se voir confier la réalisation de Guyana Tragedy : The story of Jim Jones, récit de l’effrayante dérive mystique du réverend James Jones, « organisateur » du suicide collectif des membres de sa secte. Ecrit par Ernest Tidyman, ce téléfilm de prés de trois heures à l’impressionnante distribution (Ned Beatty, Veronica Cartwright, Brad Dourif, Meg Foster, Diane Ladd, Randy Quaid, James Earl Jones entre autre) vaudra à son interprète principal, Power Boothe, un emmy et demeure sans doute à ce jour le plus beau titre de gloire de William A. Graham.

Guyana Tragedy : The story of Jim Jones va ainsi ouvrir la voie à une série de projets très ambitieux pour son réalisateur, autant par leurs coûts et leur durée (adoptant généralement le format de la mini-série) que leur contenu, s’appliquant en autre à retracer la vie de personnages historiques tels Mussolini ou Georges Washington. Des superproductions télévisuelles sur lesquelles on ne peut guère s’étendre puisque celles-ci, à ma connaissance et pour d’inexplicables raisons, sont demeurées inédites en France.

Entre deux gros travaux, William A. Graham va par ailleurs commencer à se tourner vers ce qui deviendra à partir des années 90 l’essentiel de son fond de commerce : la dramatisation non plus de tragédies marquantes de l’histoire contemporaine mais cette fois de faits divers criminels de fin de journal, avec, lorsque l’occasion s’y prête l’amorce d’un débat relatif à un problème de société. M.A.D.D : Mothers against drunk driving, comme son titre l’annonce clairement, s’attaque ainsi à l’alcoolisme au volant à travers l’histoire de Candy Lightner, dont la perte d’un enfant, victime d’un chauffard ivre, l’amènera à fonder une association luttant contre ce fléau. Un sujet propice à de faciles débordements dans le larmoyant, mais que William A. Graham filme sobrement, portant même avec une certaine justesse attention sur certains détails touchants concernant le travail de deuil de l’héroïne. Ce solide travail, bien mené, même si n’échappant pas non plus aux normes très strictes de la télévision américaines des années 80, avec notamment l’inévitable happy-end en guise de conclusion, possède en outre une solide distribution. Ce qui malheureusement ne sera pas toujours le cas par la suite pour son réalisateur, la plupart de ses docu-dramas réalisés dans les années 90, mettant en vedettes de fades acteurs de série télé pour adolescent, incapables d’apporter la moindre nuance à leur personnage.

Le premier d’entre eux, Bed of Lies, échappe toutefois un peu à cette régle, avec un casting plutôt honorable, réunissant entre autre l’acteur fétiche de John Sayles, Chris Cooper, Mary Kay Place et le toujours imposant Fred Dalton Thompson. Pour le reste, cette histoire de mariage de conte de fée – elle est serveuse, il est le fils du gouverneur - finissant dans le sang se résume malheureusement à un psychodrame judiciaire sans grande nuance. Néanmoins, qu’il s’agisse de Beauty’s revenge, drame de la jalousie du middle-west américain, Beyond Suspicion, histoire de rivalité entre deux étudiantes menant là-encore au meurtre, ou bien encore Sleeping with the Devil, sordide description d’une liaison amoureuse virant à la vengeance obsessionnelle, toutes ces intrigues, finalement sans grande surprise, échappent à peu prés à la lourdeur et la caricature, celles-ci bénéficiant généralement d’une réalisation purement illustrative mais carrée, évitant toute digression superflue pour en venir à l’essentiel. Certes, la forme demeure invariablement purement fonctionnelle, pour ne pas dire plate (William A. Graham s’entoure d’ailleurs presque toujours de la même équipe), l’on n’échappe pas toujours à un ton pesamment moraliste ( Beyond Suspision) et il demeure regrettable, comme c’est le cas pour Sleeping with the Devil, que tout ceci reste si lisse, car il y aurait parfois matière à une passionnante étude de caractère. Mais le savoir-faire du réalisateur assure au moins un résultat efficace et jamais outrancier, à la différence de bon nombre de téléfilms américains oeuvrant dans ce domaine.

Quoi qu’il en soit, son œuvre la plus intéressante sur cette période demeure incontestablement The Man Who Captured Heichmann. Ce téléfilm HBO, produit par son interprète principal, Robert Duvall, nous narre l’opération clandestine menée par les agents du Mossad au début des années 60 en Amérique du sud visant à kidnapper le criminel de guerre Adolph Eichmann afin de l’escorter jusqu’en Israël pour qu’il y soit jugé. La réalisation, d’une exemplaire sobriété rappelant les meilleurs travaux signés par le réalisateur dans les années 70 (21 Hours in Munich, Guyana Tragedy), tente à prouver une fois encore que lorsqu’il travaille sur un matériau de qualité – en occurrence un script signé du vieux routier du petit écran Lionel Chetwynd - retrouve une équipe compétente (les fidèles Robert Steadman et Laurence Rosenthal, à la photo pour le premier, à la partition musicale pour le second) et dirige de vrais acteurs comme Robert Duvall, bien sûr, mais également ici Arliss Howard, Jeffrey Tambor, Joel Brooks, Sam Robards ou Rusty Schwimmer, William A. Graham demeure l’un des plus solides artisans de sa catégorie.

N’appartenant à aucune des trois grandes lignes d’inspiration dessinées précédemment, il convient en outre d’ajouter un certain nombre d’œuvres plus ou moins associées aux modes de leur époque, courants cinématographiques sans lien entre eux, allant du film de blaxploitation (Get Christie Love !) au survival à la Delivrance (And I alone survived) en passant par le film d’action reaganien marchant sur les plate-bandes de Top Gun (Supercarrier) ou le simple drame domestique (Betrayed : A Story of Three Women). Des genres auxquels William A. Graham s’adapte avec divers succès, créant parfois la bonne surprise, comme pour Betrayed : A Story of Three Women, étude de caractère abordant des sujets certes aussi rebattus que l’adultère et la différence d’âge dans le couple, mais solidement interprétée par le trio féminin Meredith Baxter – Swoosie Kurtz – Clare Carey et traitée avec une sobriété bien venue, presque étonnante de la part du réalisateur du calamiteux Secrets of a Married Man sur un sujet similaire.

Voilà tracée dans les grandes lignes l’œuvre télévisuelle de William A. Graham, œuvre aussi passionnante qu’inégale à laquelle il faut associer, en parallèle, quelques incursions cinématographiques, elles aussi d’inégale valeur, et à travers lesquelles le réalisateur retrouve plus ou moins les trois grands genres pré-cités. Ainsi son premier film pour le grand écran, et l’un des seuls ayant connu une distribution en salles en France, Waterhole #3 appartient au genre western, et plus précisément à ce type de western comique très en vogue à Hollywood suite au succès du Cat Ballou d’Elliot Silverstein. Produit par Blake Edwards et soutenu par un solide casting (James Coburn, Bruce Dern, James Whitmore), celui-ci possède une réputation plutôt bonne et semble en tous les cas beaucoup plus original que son second film signé pour le grand écran, Submarine X-1. Surfant cette fois sur le succès des films de guerre spectaculaires brodant autour de l’éternelle mission suicide (The Guns of Navarone, Where Eagles Dare), sous-genre par lequel chaque spécialiste du petit écran, de Joseph Sargent et son The Hell With Heroes à Boris Sagal avec Mosquito Squadron, semblait devoir obligatoirement passer à cette époque, cette poussiéreuse production anglaise, s’avère en effet riche en clichés sur l’illustration du sens de l’honneur et du devoir sans même se montrer à défaut très généreuse côté grand spectacle. Reste, au milieu de toute cette routine, le charme rétro d’un petit film savoureusement vieillot et la présence, curieuse ici, de l’irremplaçable James Caan, habitué à des personnages généralement plus complexes et visiblement très peu concerné par son rôle.

Mettant en vedette Elvis Presley, son film suivant, Change of Habit, tient donc là-encore du pur travail de commande. Toutefois, bien que ne semblant pas présenter grand intérêt, il possède la particularité d’être le dernier film de fiction du « King », par ailleurs secondé ici par la future interprète de l’Ordinary People de Robert Redford : Mary Tyler Moore.

Depuis, si, côté télévision, les années 70 demeurent la grande période de succès de William A. Graham (qui, néanmoins, signera ici et là quelques sérieux navets comme Beyond the Bermuda Triangle, soap-opera maritime au mysticisme bon marché et à la réalisation d’une mollesse indigne de son auteur), en ce qui concerne son oeuvre cinématographique, mis à part son western révisionniste Cry for Me, Billy, laborieusement distribué sous trois ou quatre titres différents, ses rares réalisations n’ont visiblement connu que des sorties ultra-confidentielles. Un oubli que l’on ne peut que regretter car, qu’il s’agisse de Together Brothers, Sounder Part 2, drames raciaux à résonances sociales, ou de son Harry Tracy, desperado, nouvelle évocation de la fin de l’ouest légendaire, interprétée par Bruce Dern, William A . Graham semble avoir fait preuve en ces occasions de véritables ambitions dépassant son habituel travail de simple artisan soigneux.

Difficile de comprendre en revanche ce qui l’a incité à revenir au cinéma au début des années 90 pour y signer une suite au nullissime Blue Lagoon de Randal Kleiser. Produit par ce dernier, Return to the Blue Lagoon, quoi que moins kitsch et ridicule que son modèle, fait incontestablement parti de ces films dont on cherche en vain la raison d’être lors de sa vision. Le récit de celui-ci est certes bien mené, rehaussé par l’indéniable savoir-faire de son réalisateur, l’ensemble est formellement très soigné, porté en outre par une très belle partition musicale de Basil Poledouris, et les deux interprètes principaux, Mila Jovovich et Brian Krause, s’avèrent sans doute moins irritants qu’on aurait pu le penser. Mais comment ne pas s’attrister devant l’inconsistance d’une telle intrigue, idiote, improbable, sans aucun enjeu à tout point de vue, et qui ne fait que trahir les ambitions purement mercantiles de ses auteurs.

Bref, d’œuvres classiques mais passionnantes comme Birds of Prey ou 21 Hours in Munich à d’insondables navets comme Secrets of a Married Man, Return of the Blue Lagoon ou bien encore Terror in The Shadows, le meilleurs côtoie souvent le pire chez William A. Graham. Une activité frénétique sans véritable ligne directrice qui force donc, si ce n’est la sympathie, du moins la curiosité et un certain respect.



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REALISATEUR / REALISATRICE



1. SLEEPING WITH THE DEVIL (TV)  (1997)
(2.25)
2. A FRIEND TO DIE FOR (TV)  (1994)
(2.4)
3. MONTANA (TV)  (1990)
(2.3)
4. CALENDAR GIRL MURDERS (TV)  (1984)
(1.9)
5. SECRETS OF A MARRIED MAN (TV)  (1984)
(1.4)
6. M.A.D.D.: MOTHERS AGAINST DRUNK DRIVERS (TV)  (1983)
(2.7)
7. THE AMAZING HOWARD HUGHES (TV)  (1977)
(2.8)
8. TOGETHER BROTHERS  (1974)
(3.5)
9. GET CHRISTIE LOVE! (TV)  (1974)
(2.6)
10. WHERE THE LILIES BLOOM  (1974)
(3.6)
11. HONKY  (1971)
(3)
12. CONGRATULATIONS, IT'S A BOY!  (1971)
(3.3)
13. THE INTRUDERS (TV)  (1970)
(3.4)
14. CHANGE OF HABIT  (1969)
(2.5)



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